Le lendemain de la célébration de canonisation, nous nous sommes rassemblés des quatre coins du monde pour rendre grâce à Dieu pour le don de frère Charles, notre petit frère universel. Dans la basilique de Saint-Jean-de-Latran on pouvait percevoir l’accord silencieux et lumineux des nombreux cœurs présents… infiniment reconnaissants d’avoir rencontré sur leur chemin ce grand ami de Jésus. Le Cardinal Angelo De Donatis a pu exprimer le « Merci » que l’esprit murmurait à l’Eglise.
Voici les mots avec lesquels il a partagé sa joie lors de la célébration eucharistique.
“ Quoique tu fasses de moi, je te remercie”
“Remercier”… c’est pour ça que nous sommes ici aujourd’hui ! Pour rendre grâce au Seigneur qui a pris au sérieux la prière de fr Charles et a fait de lui un chef-d’œuvre, un saint ! Mais dans notre cœur habite aussi le désir de « remercier »
fr Charles ; essayons de le faire avec joie et liberté !
Merci parce que tu as aimé la vie, tu as osé « l’explorer » sous toutes ses facettes, tu as «goûté» sentiments et passions et tu ne t’es mis à l’abri de rien.
Merci pour tes dons que tu as reconnus, accueillis et fait fructifier : ton intelligence, ta passion pour la lecture et pour les voyages. Et merci aussi pour tes limites, tes faiblesses, tes blessures que tu n’as ni niées, ni dissimulées. Tu les as laissées être transfigurées par la miséricorde du Père.
Merci parce que, ressemblant de plus en plus à ton frère et Seigneur Jésus, tu as aimé jusqu’à la fin. Merci pour tes doutes, tes questions, tes insatisfactions. Merci parce qu’il te semblait ne jamais aimer « assez ».
Merci pour ce que nous ne connaissons pas de toi et qui reste un mystère. Merci parce que nous ne pouvons pas nous approprier ta vie, ni en faire un absolu.
Merci pour ta « descente » vers la dernière place, pour l’oubli de toi, pour ta pauvreté et ta générosité.
Merci pour les relations que tu as tissées avec tant de fidélité ; merci parce que tu as aimé ta famille, tes amis, tes voisins sans jamais exclure personne. Merci parce que tu n’as jamais terminé de construire le mur qui aurait marqué ta clôture, mais au contraire tu as ouvert la porte de ton ermitage et de ton cœur, à beaucoup.
Merci parce que tu as appris à recevoir des autres, à ne pas être autosuffisant. Merci parce que, acceptant de dépendre des pauvres au moment de ta maladie, tu es devenu petit frère, frère universel.
Merci parce que tu as osé tout laisser pour vivre pour Dieu seul.
Merci parce que « tu as perdu ton cœur pour Jésus de Nazareth » et que tu as retrouvé en Lui chaque créature comme ton frère et ta sœur.
Merci pour ta docilité à ce que l’Esprit te suggérait ; merci parce que tu n’as pas eu peur de laisser les sécurités que tu avais déjà acquises.
Merci pour ton attention aux plus lointains, à ceux que tu considérais comme les plus pauvres. Merci pour la tendresse avec laquelle tu les as aimés ; pour la patience et la bienveillance avec lesquelles tu t’es approché et imprégné de leur culture.
Merci pour ta douceur, et aussi pour ta clarté dans les dénonciations des injustices et des abus. Merci parce qu’il nous semble entendre et voir l’Evangile annoncé à travers ta vie.
Merci parce que tu as supporté la solitude sans désespérer. Merci pour ton désir d’avoir des frères avec toi et ta capacité à rêver.
Merci pour la fécondité de ta vie. Beaucoup d’entre nous font partie de cet épi, né de toi, de ce grain de blé semé dans le sable du Sahara.
Pour tout ce que le Seigneur fait de nous, à travers la rencontre avec toi, nous te remercions.
Messe d’action de grâce pour la canonisation de Charles de Foucauld, le 16 mai 2022, à Saint Jean de Latran, Cathédrale de Rome, pré-homélie du Cardinal Angelo De Donatis.