Entre leurs deux ans d’étude de théologie, ptes srs Monika-Anna (slovaque) et Justyna-Sara (polonaise) ont travaillé un mois et demi dans une buanderie allemande. Alternant leurs voix, comme en écho, elles nous racontent leurs « vacances » un peu spéciales.
« Dès le début, les préjugés avec lesquels j’étais venue se sont envolés. Mes précédents emplois étaient toujours liés au chaos qui régnait sur les lieux de travail, au manque de personnel et à la surcharge de travail. Je me suis dit que j’allais enfin travailler dans une entreprise « bien organisée » – après tout, elle est allemande ! Et peut-être allais-je enfin pouvoir reprendre mon allemand. À ma grande surprise, je me suis retrouvée dans le même type d’entreprise que celles où j’avais travaillé… et parmi des étrangers, y compris mes compatriotes polonais ! Et mon allemand ? Il avait peu de chance de revenir. Ce fut pour moi l’occasion d’accepter la réalité telle qu’elle est, et de parler comme je le pouvais, et non comme je le voudrais. Je ne communique pas seulement avec des mots, mais avec tout mon être. »
« Ma première réaction à l’offre des petites sœurs de Munich a été négative. Je n’arrivais pas à imaginer comment j’allais travailler en Allemagne sans connaître l’allemand. Puis, j’ai demandé au Seigneur ce qu’il voulait pour moi. Et soudain, les aspects négatifs se sont transformés en défi. J’ai compris que c’était l’occasion de découvrir de l’intérieur la vie des étrangers travaillant dans un autre pays. C’était aussi l’occasion de me replonger dans un travail monotone comme à notre habitude. J’ai reconnu que le Seigneur m’envoyait ici. J’ai dit oui en toute confiance. Et après ces six semaines, je vois comment le Seigneur m’a accompagnée. »
« Ce fut une belle occasion pour apprendre à mieux me connaître. J’ai été surprise de constater à quel point j’avais envie de communiquer avec les autres. Mon désir était tellement grand que j’ai utilisé toutes les langues que j’avais en tête, même si je ne suis pas allée bien loin. Mais au moins, j’ai appris le nom de mes collègues, je savais comment chacun s’appelait, et par de petits gestes, un simple salut ou un sourire, et aussi grâce au temps que nous avions passé ensemble, des relations se sont nouées : des relations fragiles, mais belles. »
« Travaillant au début du côté propre de la buanderie, j’ai été ravie de voir les draps colorés, qui semblaient danser pendant leur trajet vers la machine, suspendus à un rail au-dessus de nos têtes. J’ai pu constater une fois de plus qu’un travail aussi physique et monotone me laisse de l’espace pour la prière. C’était un moment magnifique où j’ai pu être avec Dieu au milieu de montagnes de draps et de serviettes, et parmi des gens venus du monde entier.
Les choses se sont compliquées quand j’ai été envoyé du côté sale pour compter les conteneurs remplis de serviettes de table apportés par les restaurants. La nécessité de compter m’a enlevé l’espace intérieur libre pour la prière… mais j’ai pu rencontrer Le Seigneur dans mes collègues de travail, dans les brèves rencontres et conversations qui étaient possibles. Je L’ai vu présent dans leur beauté, dans leur bonté. Oui, chacun de nous est créé à Son image et à Sa ressemblance… Je me souviens encore de l’attention de mon collègue musulman qui, bien que débordé de travail, m’a apporté de sa propre initiative des gants et une serviette pour que je sois plus confortable. Je quitte la blanchisserie non seulement avec l’image de draps qui dansent, mais surtout avec les visages de mes collègues dans mon cœur. Parce qu’une blanchisserie n’est pas une affaire de machines et de linge, mais de personnes qui créent ce lieu de travail et le rendent unique. »
Ptes srs Justyna-Sara et Monika-Anna


